Comment cueillir les fleurs dans la nature ou dans ses jardins, sans compromettre leur développement ?
Cueillir, étymologiquement « recueillir, rassembler » (ou interprétation libre : (se) recueillir), est une pratique ancienne, pouvant éveiller un rapport profond et sensible avec notre environnement. La cueillette est une manière de développer notre lien avec l’environnement qui nous entoure, allant à sa rencontre, avec les surprises que cette sortie peut apporter chaque fois.
Les fleurs
La cueillette de fleurs en nature est une bonne pratique, puisqu’elle est accessible à tous et qu’elle permet d’éviter l’achat de fleurs importées, ayant parcourus par avion plus de 5000 km avant d’arriver jusqu’à nous. Toutefois, en cueillant des plantes en nature, une éthique de cueillette rigoureuse est de mise, afin de ne pas nuire aux populations végétales. L’ail des bois, un bon exemple d’une plante victime d’un amour trop grand de l’homme pour ce goût délicieux, montre bien la limite à être cueillie avec excès.
Le premier pas à faire comme tout bon cueilleur ou cueilleuse, est de lire et s’informer sur les plantes Espèces menacées ou vulnérables au Québec. La liste complète est disponible sur le site du Ministère de l’environnement du Québec. Ensuite, quelques points de base à suivre. D’abord, l’alternance des secteurs de cueillette, ainsi que prendre un maximum de 20% des fleurs d’une « talle », permet aux plantes de se reproduire correctement et diminue la pression sur ces plantes que nous trouvons si belles.
Il est essentiel de bien identifier ce que l’on est en train de cueillir, d’abord pour connaître de son mode de reproduction (par graines, par marcottage, drageonnage, etc), et aussi pour ne pas tomber sur une plante qui pourrait causer une brûlure cutanée en la touchant. Pour identifier plus facilement les plantes autour de nous, un guide de poche illustré est le meilleur outil. Parmi eux, Plantes sauvages de la forêt boréale par Roger Larivière et les livres de Fleurbec, sont des incontournables.
Les arbres et arbustes
Puisque nous éliminons ici des branches « ligneuses » (en bois) sur la plante, nous supprimons une partie de sa structure permanente. Deux points à considérer sont de toujours laisser un bourgeon au bout de la branche et tailler à angle, sans toucher à la branche principale et sans y laisser de « chicots ». Une bonne taille peut stimuler la plante, plutôt que lui nuire. Rappelez-vous qu’après une bonne cueillette, nous ne devrions pas remarqué qu’un cuilleur.se est passé.e.
Cela étant dit, les peuples autochtones avaient des pratiques plus profondes que ces techniques, qui sont finalement logiques, lorsque l’on prend le temps d’observer les choses dans le temps.
Ainsi, lorsque l’on prend la vie d’une plante, ou une partie de celle-ci, pour nos propres usages, il en va de soi qu’il est bon de faire ce qui est bon devant tout être vivant, c’est-à-dire, de demander si l’on peut prendre, donner avant de prendre (par exemple offrir un chant, des feuilles de sauge, de la nourriture au pied d’un arbre, etc.), expliquer l’intention (ce à quoi elle servira), ne prendre que le nécessaire, remercier et utiliser la plante avec respect.
Vous pouvez consulter le livre de la Métisse, Usages autochtones des plantes médicinales du Québec pour cheminer sur ce chemin. Après la première année en tant que cueilleuse ou « coureuse des bois », je me disais souvent qu’il manquait quelque chose à ma cueillette pour qu’elle soit complète. Je tenais à vous partager ces petits rituels de respect et de gratitude, que nous gagnons collectivement à pratiquer, en complémentarité à ce qui est de l’ordre du ‘visible’.
Bonne cueillette !